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Comment gagner 40 €/1 000 litres de plus

Synthèse. Les analyses croisées des conseillers techniques et de gestion permettent d’améliorer la rentabilité. Sur 85 élevages audités de cette manière, le gain potentiel dépasse 40 €/1 000 l, en jouant sur l’alimentation, mais aussi sur la productivité.

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Une bonne maîtrise technique ne suffit plus pour garantir la rentabilité en élevage laitier. La crise actuelle l’illustre bien. C’est aussi le constat fait par XPertia (filiale de BCEL Ouest et Cogedis) . « 30 % des élevages dont le prix d’équilibre dépasse 350 €/1 000 l ont de très bons résultats techniques », analyse Paul-Gilles Posséme, ingénieur XPertia. Pour sécuriser leur revenu, mais aussi pour élaborer leur stratégie, les éleveurs ont donc besoin d’une vision plus large que la seule technique.

La prestation €codéfi a été construite pour répondre à ces impératifs. Mise au point par Xpertia, elle propose, aux éleveurs qui le souhaitent, une intervention, en binôme, sur l’exploitation, d’un expert en système de production et d’un autre en gestion. Cette analyse est particulièrement pertinente au moment où les éleveurs réfléchissent à une évolution stratégique. Sur la campagne 2016, 85 diagnostics ont été réalisés, dont une majorité en Bretagne. Xpertia vient d’effectuer une synthèse de ces études. Un bilan qui permet de montrer les leviers les plus fréquemment identifiés pour réduire le prix d’équilibre, et donc améliorer le revenu. Il révèle aussi l’ampleur des gains possibles. Ces expériences sont utiles pour connaître les points les plus perfectibles.

Des idées pour sortir la tête de l’eau

Une première analyse des dossiers montre que les marges de manœuvre sont plus élevées chez les éleveurs qui n’ont pas l’appui-conseil de BCEL Ouest. Autrement dit, sur cet échantillon, le conseil technique permet clairement d’atteindre de meilleures performances en matière de prix d’équilibre.

Ensuite, dans cet échantillon, ce sont les plus gros élevages (plus de 800 000 l de lait livré) qui enregistrent les prix d’équilibre les plus élevés. C’est donc chez eux que se trouvent les gains potentiels les plus importants. Ce groupe affiche au départ un coût de production à 361 €/1 000 l contre 332 à 339 €/1 000 l pour les autres. Attention toutefois à la faiblesse de l’effectif : ils ne sont que douze dans ce groupe. « Avec les niveaux de prix du lait que nous connaissons depuis deux ans, ces élevages peuvent sortir la tête de l’eau s’ils mettent en œuvre les actions identifiées », souligne Paul-Gilles Posséme.

Mieux résister à la volatilité des prix

En moyenne sur les 85 élevages, les améliorations identifiées permettent de réduire le prix d’équilibre de 42 €. Ce n’est pas rien. Cela se traduit par du revenu en plus, mais aussi par une meilleure résistance à la volatilité du prix du lait. Les leviers identifiés concernent tous les domaines d’activité de l’exploitation, de la production des fourrages à l’intérêt du croisement industriel en passant par la gestion financière ou la santé des animaux. Il en existe une cinquantaine qui a été classée en douze catégories. Le plus fréquent est celui de l’alimentation, qu’il soit le levier principal ou associé à d’autres. Cela inclut les concentrés et les minéraux, aussi bien en matière de quantités distribuées que de prix d’achat. « On retrouve souvent des produits très marquetés et donc onéreux. Ce  surcoût n’est pas rentabilisé », constate Paul-Gilles Posséme.

Le deuxième poste est celui de l’élevage des génisses avec un point clé : l’âge au vêlage. On remarque sans surprise que sa réduction est une piste sérieuse pour diminuer le prix d’équilibre. La réduction de la mortalité des veaux en est une autre.

Établir un plan d’action

Le troisième levier en termes de fréquence est la productivité, aussi bien celle du travail que des autres facteurs de production. Là non plus, personne n’est surpris. Mais le sujet reste encore un peu tabou. Selon les cas, l’audit peut recommander à l’éleveur de chercher à s’améliorer en s’appuyant sur un autre partenaire, dans le domaine de la santé notamment. L’ampleur des gains potentiels n’est pas forcément reliée à la fréquence d’apparition des différents leviers. Par exemple, l’amélioration de la productivité n’est pas le poste le plus fréquent à optimiser. Mais lorsqu’elle apparaît comme le premier levier, elle permet en moyenne un gain de 57 € sur le prix d’équilibre (voir infographie). L’optimisation du système fourrager n’est pas loin derrière à 55 €. Les gains sont moindres sur la qualité du lait ou l’élevage des génisses (à peine 30 €). En revanche, travailler sur la gestion financière peut améliorer le prix d’équilibre d’environ 40 €.

Reste ensuite à mettre en œuvre le plan d’action défini. « Sur les 49 premiers €codéfi réalisés en 2014, nous savons que les trois quarts des élevages ont effectué les améliorations prévues », précise Paul-Gilles Posséme. Une enquête est en cours pour savoir où en sont les exploitations de 2015.

Pascale Le Cann

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